Chapitre 30

 

Dans les films des années 1950, les zombies ont une allure presque comique. Les productions modernes s’en sortent mieux, rendant avec justesse la folie des yeux exorbités et la décrépitude de la peau pendant en lambeaux rances sur un squelette déformé. Certains étaient dans un état de décomposition plus avancé que d’autres, et on pouvait apercevoir leurs os alors qu’ils avançaient en titubant. Mais ils avaient tous une chose en commun : ils étaient affamés, et nous étions leur nourriture.

Lorsque le premier d’entre eux apparut, Mencheres sembla aussi pétrifié que nous. Mais après avoir prononcé sa phrase sibylline, il se mit à jurer, et cela lui ressemblait si peu que je détournai mon attention de la horde qui approchait.

— Même dans mes pires cauchemars, jamais je n’aurais été imaginer qu’elle en arriverait à cela, conclut-il. Sa démesure ne restera pas impunie. Ce ne sera peut-être ni moi ni aucune des personnes présentes ici, mais quelqu’un lui fera payer une telle atrocité.

Voilà qui n’était pas très encourageant. En fait, ses mots sonnaient même comme une épitaphe.

Bones secoua brusquement Mencheres par l’épaule.

— On n’a pas le temps de disserter sur les penchants maléfiques de Patra. Ces choses, dit-il en désignant d’un signe de tête les créatures qui ne se trouvaient plus qu’à une vingtaine de mètres de nous, est-ce qu’on peut les tuer ?

— Non.

Il avait prononcé cette réponse lapidaire sans la moindre émotion. Mencheres sembla s’armer de courage tout en serrant la main de Bones, puis il la lâcha.

— Elles ne peuvent pas être tuées, continua-t-il en sortant son épée tranchante de son fourreau. Elles ne ressentent aucune douleur et n’ont même pas besoin d’yeux pour nous voir. C’est la volonté de Patra qui les guide vers nous.

Il marcha vers l’avant en ordonnant à tout le monde de ne pas bouger. Les créatures n’étaient qu’à quelques mètres de lui et arrivaient à présent en courant tant bien que mal. La proximité de Mencheres semblait les exciter, car elles poussaient d’horribles grognements.

— Ces monstres ont été arrachés à la terre, poursuivit Mencheres en faisant un pas de côté pour en éviter un (il s’était déplacé trop vite pour que le zombie ait le temps de réagir), et ils n’y retourneront pas tant que le sort ne sera pas rompu. Nous ne pouvons pas fuir. Toutes les tombés à cent kilomètres à la ronde se videraient et les morts nous pourchasseraient, tuant tout sur leur passage.

Il fit tournoyer son épée si vite que je n’eus pas le temps de la suivre des yeux. Incrédule, je vis la créature bondir sur lui presque à la même vitesse. La vache, pourquoi est-ce que ces monstres n’étaient plus patauds tout d’un coup ?

Mencheres le taillada d’un même mouvement éclair. Des morceaux de cadavres commencèrent à voler dans tous les sens alors que sa lame bougeait plus vite que les zombies, dont la rapidité nouvelle était aussi impressionnante qu’inattendue.

— Il faut les contenir et trouver l’objet qu’elle a utilisé pour créer ce sort, reprit-il sur le même ton calme. C’est certainement quelque chose qui lui appartient, peut-être qu’il se trouve sur l’un des prisonniers, ou qu’il a été caché par Rattler. Si nous arrivons à le trouver et à le détruire, ils mourront. En attendant, quels que soient les dommages qu’ils subiront, ils continueront à attaquer.

Nous en eûmes la preuve atroce alors même qu’il parlait. Bon sang, même les membres qu’il avait coupés rampaient dans notre direction. Un corps décapité tituba vers lui, tandis que le crâne à ses pieds lui mordillait la cheville avec une détermination démoniaque jusqu’à ce que Mencheres shoote dedans. C’était vraiment effrayant. Mais une fois démembrées, les créatures étaient visiblement moins dangereuses. Nous avions peut-être un espoir.

— Envoyez trois personnes chercher cet objet dans la maison, lança Mencheres en tourbillonnant pour contenir d’autres formes qui approchaient. C’est probablement un petit objet, difficile à repérer. Faites tout ce qu’il faudra pour le détruire.

— Tick-Tock, Zéro, Annette, allez-y, ordonna Bones avec un mouvement de tête tandis qu’il sortait sa propre épée.

Les deux premiers foncèrent dans la maison sans hésiter, mais pas Annette. Je la vis s’arrêter et regarder Bones avant de disparaître à l’intérieur. Je le regardai moi aussi, pour la même raison : peut-être était-ce la dernière fois que je le voyais.

— Si j’avais le moindre espoir que tu m’écoutes, c’est toi que j’aurais envoyée à l’intérieur, soupira-t-il. Mais je sais à quoi m’en tenir. Je t’aime, Chaton. Rien sur cette terre, pas même ces créatures d’outre-tombe, ne peut changer ça.

Je n’eus pas le temps de répondre, mais ce n’était pas nécessaire. Je lui criai mon amour avec chaque atome de mon corps alors qu’il levait la voix pour s’adresser à la quarantaine de personnes qui tiraient elles aussi leurs épées.

— Patra a envoyé la mort à nos trousses, les gars. Rendons-lui la pareille, avec nos compliments !

Bones marcha en avant à pas mesurés et menaçants, à la rencontre de la nouvelle vague d’envahisseurs d’outre-tombe. Quarante contre plusieurs centaines ? Je savais quelles étaient nos chances de survie, tout comme tous ceux qui levèrent leurs lames, avant de s’avancer avec moi pour rejoindre Bones.

— Notre situation n’est pas désespérée, (Jamais la voix de Bones n’avait été aussi dominée. Dans d’autres circonstances, j’aurais même dit quelle était enjouée.) À de nombreuses reprises, nous avons été impuissants, mais pas ce soir. Nous disposons du pouvoir de choisir notre mort. Même si vous n’avez jamais rien maîtrisé de votre vie, vous êtes maintenant maîtres de ce moment. Personnellement, je suis déterminé à faire de ma vengeance un tel feu d’artifice que certains vont regretter de ne pas être à mes côtés pour le voir !

Bones conclut sa tirade par un rugissement qui fut repris par toute l’assemblée. Il était bientôt minuit ; la rage et la soif de vengeance nous faisaient trembler. Tout d’un coup, je n’avais plus froid. Ni peur. J’avais déjà affronté la mort, je l’avais même déjà provoquée. Mais à ce moment précis, aux côtés de Bones, j’avais l’occasion d’effacer toutes mes mauvaises décisions, tous mes moments de lâcheté, et toutes ces années de regrets. Plus rien d’autre ne comptait que l’instant présent. J’étais devenue la personne que j’avais toujours voulu être. Forte. Courageuse. Loyale. Une personne dont je pouvais être fière.

La première créature bondit sur moi et je fis jaillir mon épée, mes cheveux volant au vent alors que je l’évitais et la frappais. Une lueur verte éclaira son visage déformé et je ris, prise d’une joie sauvage.

— Tu vois ça ? C’est la lumière de mes yeux, et je vais te montrer ce que j’ai d’autre pour toi.

J’avais connu mon premier combat à mort à l’âge de seize ans. Je ne disposais alors que d’une croix en argent terminée par une petite dague, et je n’étais même pas sûre que cela me permettrait de tuer un vampire. J’avais vu juste, de toute évidence, et depuis ce jour je n’avais pas arrêté de tuer. J’avais connu des centaines de batailles depuis ce baptême du feu, mais aucune d’entre elles, je dis bien aucune, n’était comparable à celle-ci.

Dieu merci, il faisait nuit noire. Les yeux vert brillant des vampires permettaient de les distinguer des zombies, qui continuaient à sortir des bois de tous les côtés. Les goules étaient un peu plus difficiles à repérer, mais elles n’étaient qu’une dizaine. On ne se rend vraiment pas compte à quel point il est facile de confondre deux silhouettes lorsqu’on a les yeux continuellement aspergés de sang, de bouts de chair, ou de morceaux de membres pourris. Et des membres, il y en avait partout ; des morceaux dégoûtants qui rampaient sur le sol, des doigts arrachés qui se tortillaient sur nous comme des sangsues, sans parler de ceux qui étaient toujours rattachés aux corps des monstres, dont le nombre ne cessait d’augmenter.

Je me battais avec frénésie et je tranchais tout ce qui s’approchait de moi. J’avais le cerveau comme engourdi, ce qui me permettait d’ignorer mes propres blessures. Mes bras, mes épaules, mes jambes… j’avais été mordue à tous les endroits du corps. Je ne savais même pas si j’avais encore mes vêtements ; enragée comme je l’étais, du sang éclaboussant sans cesse mes yeux, je ne voyais que du rouge. C’était en cela que les rayons émeraude de mes camarades m’étaient utiles. Au moins, en les voyant, je savais que je n’étais pas seule. Mais je me sentais tout de même isolée, au milieu de cette horde de zombies enragés, leurs hurlements se mêlant en une cacophonie inintelligible, mon épée taillant inlassablement dans la masse infinie des morts-vivants.

Vlad avait un avantage. Lorsqu’il en avait le temps, il pouvait attraper un zombie et le faire brûler. Ils couraient dans tous les sens – enfin, ce qui restait d’eux – comme autant de torches macabres. Mais comme il devait les immobiliser une bonne minute pour les rendre à peu près inoffensifs, ce n’était pas la méthode la plus efficace pour les vaincre.

De temps à autre, j’apercevais un éclat orange du coin de l’œil, j’entendais des cris indescriptibles, et je savais que Vlad était encore en vie. Plus important encore, j’entendais régulièrement une voix à l’accent anglais s’élever au-dessus des gémissements d’agonie et de douleur pour motiver ses troupes et provoquer les créatures avec un mépris jubilatoire. Bones était toujours vivant lui aussi. Mais à part ça, je ne savais pas du tout qui m’entourait.

— Repliez-vous, repliez-vous ! cria quelqu’un.

La chose qui se trouvait devant moi se scinda soudain en deux moitiés égales qui s’écartèrent aussitôt l’une de l’autre. Bones apparut dans l’interstice ainsi créé, quasiment méconnaissable, et je stoppai l’élan de mon épée pour ne pas lui trancher la tête.

— Suis-moi, grogna-t-il.

Il me tira par le bras, puis le lâcha en poussant un violent juron.

— Mais bon sang, pourquoi tu n’as pas appelé à l’aide ?

Je ne savais pas ce qu’il voulait dire par là, et il ne me laissa pas l’occasion d’en discuter. Il me plaqua contre sa poitrine à l’aide d’un de ses bras et commença à frapper sur tout ce qui nous entourait de l’autre. Mes pieds touchaient à peine le sol, ils se balançaient au rythme de ses pas et je commençais à avoir la nausée. La brume se dissipa un peu devant mes yeux et lorsque nous entrâmes dans la maison pour nous précipiter au sous-sol, je recommençai à y voir clair.

Chaque meuble à l’intérieur avait été démoli. Je me demandais pourquoi, car le gros de la bataille se déroulait dehors, mais tout à coup je compris. Comme ils ne savaient pas à quoi ressemblait l’objet mystérieux, Annette, Tick-Tock et Zéro avaient détruit tout ce qui leur était tombé sous la main. Tous les meubles étaient littéralement en miettes, et ce qui restait des vampires et des goules évoluait dans les débris tout en empêchant les horribles assaillants d’entrer. La maison avait trois niveaux souterrains auxquels on ne pouvait accéder que par deux entrées. C’était la bonne nouvelle. La mauvaise, c’était que nous y serions coincés.

Bones me déposa dans les bras de Tate, qui émergea de la masse grouillante.

— Emmène-la au dernier niveau du sous-sol, aboya-t-il avant de repartir. Il faut que je couvre notre retraite.

— Bones, non ! protestai-je, mais ni l’un ni l’autre n’y prêtèrent attention, et Tate descendit les escaliers en trombe.

Il poussait les gens hors de son chemin en marmonnant quelque chose du genre « ton bras, ton bras ! » tout en courant.

Nous franchîmes une porte, et plusieurs visages effrayés se tournèrent vers nous. Les gamins, me dis-je. Ils ont peur. La brochure publicitaire du parfait petit snack pour vampires ne devait pas parler de ce genre d’animation.

— Faites de la place, leur dit-il d’un ton sec.

Ils obéirent immédiatement, effrayés par son apparence ou peut-être par le ton de sa voix. Ils se serrèrent les uns contre les autres alors que Tate me posait par terre et sortait un couteau.

— Lâche-moi, il faut que j’y retourne…, commençai-je avant de me taire.

Oh ! Je comprenais mieux pourquoi Tate et Bones m’avaient regardée comme ils l’avaient fait.

— Donne-moi un peu de sang, si tes forces te le permettent, dis-je alors en regardant mon bras.

Enfin, ce qu’il en restait. Toujours le bras gauche, songeai-je avec un calme étonnant. D’abord brûlé par Max, et maintenant ça. S’il pouvait parler, il aurait des raisons de râler.

Il ne tenait plus que par quelques ligaments tenaces, mais la plus grande partie avait été rongée jusqu’à l’os. Maintenant, j’ai l’air d’un zombie, me dis-je. Mon bras ressemblait à s’y méprendre à certains de leurs membres rampants.

— Ça va te faire mal, avertit Tate d’une voix grinçante en approchant un couteau de son cou tout en me tenant la tête. Bois profondément. Je referai le plein.

En temps normal, je n’aurais jamais bu son sang, pas même quelques gouttes, mais les circonstances étaient tout sauf normales. Il fallait que je sois de nouveau en état de combattre le plus rapidement possible, car nos adversaires ne nous laissaient aucun répit. Cette idée en tête, je refermai mes mâchoires sur l’entaille que Tate venait de faire dans son cou et j’aspirai profondément en le mordant pour que la blessure ne se referme pas.

Il émit un bruit que je refusai d’analyser ; j’aspirai plus fort et je sentis des pics de douleur exploser dans mon bras. Tate resserra son étreinte et je me retrouvai collée contre lui. Il rejeta la tête en arrière lorsque j’intensifiai encore ma succion. À la quatrième gorgée, la douleur se fit insoutenable, mais à la sixième elle s’était calmée pour n’être bientôt plus qu’un picotement appuyé. À la neuvième, je réussis à le repousser avec mes deux mains, haletante, alors qu’une soif de sang s’éveillait en moi, impérieuse.

Les yeux de Tate étaient verts lorsque je le regardai, ce qui me fit reculer davantage, car son expression indiquait clairement que ce n’était pas la bataille qui l’avait mis dans un tel état.

Je sautai sur mes pieds en regardant avec étonnement la peau qui repoussait sur mon bras. La chair se refermait comme dans un film de science-fiction.

Grâce à ce nouveau sang qui courait dans mes veines, je me sentais plus sauvage, moins humaine. Vu les litres que j’avais certainement perdus, je devais me retrouver avec au moins soixante pour cent de sang de vampire dans le corps.

— Allez, soldat, dis-je. On a des choses à tuer.

Sans regarder en arrière, je remontai les escaliers en courant en direction de la bataille et de ses bruits implacables.

 

Les vampires étaient regroupés dans le hall devant le palier et formaient une barricade infranchissable. Chacune des créatures impies et hurlantes qui tentait de se frayer un passage à coups de dents était assaillie de tous côtés. Notre défense tenait pour l’instant le coup, mais il fallait avoir le courage de regarder la vérité en face. Nous ne résisterions pas longtemps. Les rangs des créatures ne cessaient de se renouveler.

Je fonçai me joindre à la mêlée et percutai Annette. Affolée ; les yeux écarquillés, c’est à peine si elle me vit alors qu’elle jetait avec précipitation une figurine contre le mur. Le verre se brisa, mais il ne se passa rien de plus ; Annette poussa un cri sauvage et désespéré avant de se remettre à la recherche d’autres objets.

— Annette ! (Je dus la secouer pour qu’elle prête attention à moi.) Où sont Tick-Tock et Zéro ?

Elle fit un geste vague.

— Tick-Tock est de l’autre côté de la maison, et Zéro est allé trouver Anubus pour essayer de le faire parler, mais j’ai vu six de ces… choses le suivre, elles ont réussi à passer ! J’ai entendu Zéro hurler, et je suis venue par ici. Oh, Cat, je ne le trouve pas, je ne le trouve pas !

Je savais ce qu’elle entendait par là. La maison, sens dessus dessous, était sur le point de s’écrouler.

— Continue, Annette, on le trouvera, quoi que cela puisse être. On va les contenir…

Elle me poussa.

— Tu ne comprends pas. On en parle aux informations ! Les tombes qui se vident, des choses qui en sortent en rampant… et qui se dirigent toutes dans notre direction. Nous sommes dans une région isolée, mais pas si isolée que ça. Tu ne saisis pas ? Patra n’a pas besoin que ces créatures nous tuent ; très bientôt, elle saura exactement où nous sommes, parce que les zombies lui servent de panneau indicateur !

Merde ! Cela ne s’arrêterait donc jamais ? Notre situation, qui était déjà très mauvaise, était devenue désespérée. Étonnamment, j’étais plus en colère qu’autre chose. Cette garce ne méritait pas de gagner. Nous n’étions certes pas des innocents, mais elle était pire que nous à bien des égards.

J’entendis du bruit derrière moi, en provenance du sous-sol. Mon Dieu ! Des hurlements, qui se multipliaient. Et des bruits de murs en train de s’effondrer. Ça y est, pensai-je, résignée. C’est la fin. Je ne pouvais peut-être pas l’empêcher, mais je pouvais choisir quelle serait ma mort.

Avec un regain de détermination je tendis mon épée.

— Continue à chercher, Annette. Moi, je vais poursuivre le massacre. Si cette garce nous veut, elle n’a qu’à venir nous chercher.

— Au sous-sol, les gars, vite ! entendis-je crier.

Parmi les membres de nos troupes encore vivants, une vingtaine commencèrent à se replier. Je me frayai un chemin vers l’avant et je vis Bones et Mencheres qui couvraient la retraite de leurs hommes. Ils virevoltaient et maniaient leurs épées à grands gestes dans une étourdissante démonstration de violence, comme s’ils avaient été transformés en machines. J’avais toujours soupçonné que Mencheres, sous ses dehors distingués, était en fait extrêmement dangereux. Il ressemblait à un cauchemar vivant.

Vlad me saisit et me força à revenir en arrière. Ses mains étaient chaudes, ce qui me surprit compte tenu de la température glaciale alentour.

— Viens, ils nous rejoindront bientôt, aboya-t-il en m’entraînant de force.

— Non, je veux monter ! hurlai-je en tentant de me débattre.

— Il est le Maître associé de sa lignée, il est là où il doit être, répondit-il. Toi, tu viens avec moi.

Il abattit violemment son poing sur ma tête. Des étoiles apparurent devant mes yeux et je plongeai sous son bras pour tenter de m’enfuir, mais il m’attrapa par les cheveux.

Tout d’un coup, les choses semblèrent se dérouler comme au ralenti. Vlad me tira en arrière, je perdis l’équilibre et, dans le bruit ambiant, j’entendis vaguement un rire vindicatif et satisfait.

« J’ai vu six de ces… choses le suivre, elles ont réussi à passer ! » avait dit Annette. « Et je l’ai entendu hurler. »

C’était de Zéro qu’elle parlait alors. Il se rendait à la cellule d’Anubus. Mais étant donné que personne n’avait revu Zéro depuis, ni eu de ses nouvelles, c’était donc Anubus qui poussait ces ricanements maléfiques. Anubus, indemne, alors qu’il était attaché à un mur et qu’une demi-douzaine de créatures affamées étaient peut-être déjà dans sa cellule… Comment était-ce possible ? Je ne voyais qu’une seule réponse.

— Vlad, as-tu besoin d’être physiquement en contact avec la personne pour lui faire prendre feu ?

La question le surprit tellement qu’il me lâcha.

— Il faut que je l’aie touchée au moins une fois avant, mais ça prend plus longtemps, car il m’est plus difficile de faire brûler une personne que je ne tiens pas.

— Difficile, soufflai-je, mais pas impossible ?

— Non, pas impossible. Pourquoi ?

— C’est Anubus. (J’élevai la voix, en proie à une montée d’adrénaline.) L’objet de Patra n’est en fait pas un objet. Tu ne comprends pas ? C’est le parfait cheval de Troie, et Bones a frôlé la mort pour nous l’amener ! Elle avait l’intention d’achever Bones lors de l’embuscade, et nous dans un second temps, car nous emmenions Anubus avec nous. Patra savait que nous ne le tuerions pas puisqu’il était notre otage le plus précieux.

Vlad esquissa un sourire. Il me lâcha et étendit les mains au-dessus de sa tête. Tout autour de nous, c’était le chaos.

— Il est trop éloigné de moi pour que je réussisse à l’atteindre avant d’être coupé en morceaux, mais voyons si je peux retourner la situation à la dernière seconde.

— Vas-y, répondis-je en tourbillonnant autour de lui pour dégager le périmètre alentour. Impressionne-moi.

Ses mains se mirent à luire, pas d’une lumière rouge, mais bleue. Celle-ci éclairait le hall d’une étrange lueur violet foncé. Des étincelles jaillirent de ses mains et retombèrent en pluie sur mes cheveux tandis que je continuais à massacrer les zombies les plus proches.

Quelqu’un poussa un cri d’agonie. J’adressai un sourire cruel à Vlad lorsque je reconnus la voix.

— Tu as toute son attention, Drac.

— Il est fort, répondit Vlad d’une voix tendue. (Ses mains étaient désormais deux torches vivantes.) Dois-je te rappeler une fois encore comment je m’appelle ?

— Espèce de vieille chauve-souris frimeuse… (Je plantai mon épée dans le ventre d’un zombie aux mâchoires grandes ouvertes, en tournant la lame de toutes mes forces pour le couper en deux.) arrogante… (Ça n’allait pas fonctionner, il prenait la lame à pleines mains… Bon Dieu, ce que ces bestioles étaient fortes !) et surestimée… (Crac ! Ma tête venait de percuter le mur. Si je ne m’étais pas fendu le crâne, c’était un miracle.) Qu’est-ce que tu attends ? C’est pas toi, le roi des croque-mitaines ? La légende qu’on invoque pour effrayer les petits enfants s’ils ne sont pas sages ?

Deux autres zombies échappèrent à Bones et à Mencheres, qui se tenaient désormais presque dos à dos pour essayer de les garder à distance.

— Allez Vlad, fais honneur à ta réputation ! Si tu n’es pas capable de faire cramer un pauvre vampire égyptien enchaîné à un mur, comment espères-tu nous faire croire que tu as réussi à bouter les Turcs hors de Roumanie ?

Il y eut un craquement qui résonna dans tout le sous-sol, comme si un transformateur électrique avait sauté, puis les zombies s’arrêtèrent en plein assaut et s’écroulèrent. De la terre commença à sortir de leurs corps soudain immobiles, jusqu’à les recouvrir entièrement et les transformer en monticules de cette matière.

De la terre ils ont été appelés à sortir, pensai-je, et à la terre ils retournent.

— Tu as réussi, haletai-je en lâchant mon épée et en courant non pas vers Vlad, mais dans la direction opposée.

— Bien sûr, l’entendis-je répondre alors que Bones me soulevait dans ses bras puissants et me serrait contre sa poitrine maculée de morceaux d’entrailles. Je suis Vlad Tepes, qu’est-ce que tu croyais ?

Froid comme une Tombe
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